Carte électorale révisée : pas de surprise en Gaspésie
Carte électorale révisée : pas de surprise en Gaspésie
Nelson Sergerie
GASPÉ – Le maire de Gaspé n’est pas surpris de voir la Commission de la représentation électorale retirer une circonscription en Gaspésie dans sa proposition révisée déposée mardi.
Daniel Côté note toutefois la rapidité à déposer le document.
« La conclusion n’est pas une surprise. La rapidité d’exécution en est une. Le corps était encore chaud qu’ils ont ouvert le testament. C’est assez particulier », image l’élu faisant référence à la décision de la Cour d’appel de lundi qui invalidait la Loi 59 qui protégeait les deux comtés de la Gaspésie pour le scrutin de 2026 dans l’attente d’une révision plus complète de la Loi électorale.
« Le travail doit se faire par les parlementaires qui doivent prévoir maintenant des circonscriptions d’exception, passer rapidement une loi modifiant la Loi électorale pour prévoir un statut d’exception pour Bonaventure et Gaspé, juste à côté du paragraphe sur les Îles-de-la-Madeleine, le temps qu’on revoit plus en profondeur la loi », avance le maire.
À plus long terme, il faudra prévoir un mécanisme pour que chacune des régions du Québec ait un minimum de voix à l’Assemblée nationale.
« Sinon, dans 50 ans, on se retrouvera avec une situation où sur les 125 députés de l’Assemblée nationale, il y en aura une centaine dans l’axe Québec-Montréal et la balance dans les régions. On va se retrouver avec un député avec la Gaspésie et l’Est du Bas-Saint-Laurent. Je ne pense pas que c’est ça que les parlementaires veulent », croit-il.
Le rapport de la commission note qu’un statut d’exception pour Gaspé et Bonaventure serait en quelque sorte inéquitable alors qu’une vingtaine de circonscriptions pourraient avoir ce droit.
« Le fait de garder notre minimum de voix est le strict minimum pour influencer les décisions à Québec », évoque M. Côté, notant qu’après la Gaspésie, ce pourra être le tour de la Côte-Nord, de l’Abitibi-Témiscamingue.
« Ce n’est pas parce que nos populations grandissent moins vite qu’on est moins important au Québec. Pourquoi nos populations grandissent moins vite ? Souvent, ce sont des décisions gouvernementales moins en phase avec les besoins par rapport aux autres régions qui ont une plus grande représentation », analyse l’élu.
Daniel Côté mise sur l’unanimité dont a fait preuve les parlementaires en mai 2024 pour protéger la Gaspésie.
« Pour l’élection de 2026, la clef du succès est les circonscriptions d’exception. Je ne serais pas surpris qu’il y ait unanimité à l’Assemblée nationale, parce que la loi que la Cour d’appel a cassé qui suspendait les travaux de la commission visait à protéger la Gaspésie. Pourquoi ils ne le seraient pas aussi unanime ? C’est ce qu’ils ont fait l’an passé », poursuit le maire.
L’élu rappelle que la Cour d’appel dit qu’il serait plus constitutionnel de mettre un statut d’exception dans la loi.
Le maire de Chandler aussi inquiet
Le maire de Chandler parle d’une situation catastrophique lorsque questionné sur la fusion de Bonaventure et Gaspé tel que préconisé à nouveau par la Commission électorale.
Gilles Daraîche estime que la décision n’a pas de sens.
« C’est déjà difficile de rencontrer notre représentant dans Bonaventure. Imaginez-vous si on n’en a qu’un. Le poids de travail pour cette personne sera énorme », commente le maire.
L’élu souhaite que les deux comtés demeurent, déjà que Bonaventure s’étire des plateaux de la Matapédia à Chandler.
« C’est déjà un grand territoire. Et là, on veut le doubler ? Pour nous, c’est catastrophique de voir ça », se désole-t-il.
Le PQ pour un statut d’exception
Le Parti québécois note que la Commission de la représentation électorale ne tient pas compte des réalités de la Gaspésie dans son rapport révisé.
Le chef, Paul Saint-Pierre Plamondon, a fait ce constat mercredi matin en point de presse à l’Assemblée nationale.
« La circonscription sera l’une des plus populeuses du Québec en nombre de personnes à desservir mais pour un territoire gigantesque pour un ou une député qui est à Grande-Vallée et qui veut aller de l’autre côté de la circonscription, il y en a pour cinq heures et demie de route », note le chef péquiste.
Le chef du PQ indique que les partis doivent reprendre un dialogue transpartisan pour trouver une solution qui ne menace pas la Gaspésie.
Pour lui, le statu d’exception reste la solution.
« Si on n’arrive pas à une entente et là, ça commence à être compliqué. Tu as le juridique qui nous donne des contraintes. Le temps nous manque. Je peux vous assurer que si la Gaspésie n’est pas protégée, nous, c’est là qu’on s’en va », poursuit le chef péquiste.
La Cour d’appel évoquait déjà une telle alternative dans l’attente d’une solution globale.
« Comme ça a été fait pour le gel de la carte, ça a été une décision unanime des partis. C’est une région qui a des besoins particuliers. C’est ce qui avait été mentionné lors des consultations. On sent qu’il n’y a eu aucun travail fait en fonction des arguments évoqués par les élus de la région », commente pour sa part l’ex-députée de Gaspé et porte-parole national du parti Méganne Perry Mélançon.
« On met des points de service de plus, mais la voix des élus est importante à l’Assemblée nationale. On enlève une voix. Déjà qu’on a une région négligée », note-t-elle.
Le chef péquiste note que la situation pourrait se produire aussi en Abitibi et sur la Côte-Nord.
« On est devant potentiellement un affaiblissement politique très grave du poids des régions », avance M. Saint-Pierre Plamondon.
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