Appel à l’aide en agriculture
NEW RICHMOND – Les producteurs agricoles de la Gaspésie demandent un soutien accru des autorités gouvernementales pour faire face aux coûts qui continuent de réduire leur marge de manœuvre pour produire.
« Il faut des programmes adaptés pour les régions éloignées. On est loin des marchés, on est loin des intrants. Si on veut être dans le marché, ça prendra une réflexion pour comment on peut aider les régions. Leur demander à eux seuls de faire ça, c’est extrêmement difficile. Si on veut qu’il y ait de l’agriculture dans les régions comme la Gaspésie, ça prend des programmes de soutien », explique le premier vice-président de l’Union des producteurs agricoles, Paul Doyon, qui a participé à l’assemblée générale des producteurs de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine mercredi à New Richmond.
Un des éléments qui rend difficile la vie des agriculteurs est la taxe carbone qui a été maintenue au Québec, contrairement au reste du Canada.
« On a tout une histoire qui fait en sorte qu’on n’est pas compétitif. Depuis le début de cette aventure, les producteurs ont mis 480 millions $. Quand on parle d’accès au marché, c’est quand même beaucoup d’argent. C’était supposé servir au fonds d’électrification du Québec, mais c’est difficile d’électrifier le monde agricole », note M. Doyon qui souligne que l’an dernier, la taxe carbone a coûté 85 millions $ aux producteurs.
« La première demande qu’on fait est de mettre plus de budget dans les ententes régionales en fonction des besoins régionaux », mentionne le président de l’Union des producteurs agricoles Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Sylvain Arbour.
« Un tracteur que j’ai acheté il y a cinq ans, je l’ai payé 159 000 $. Je l’ai changé l’an dernier car c’était une location. 219 000 $. Il a monté de 60 000 $ en cinq ans. Le même tracteur ! C’est ça qu’on vit », mentionne M. Arbour.
Outre son tracteur, il évoque les coûts du diesel, le plastique pour l’emballage, les palettes pour exporter qui ont passablement augmenté.
« Moi, mon agneau, je le transporte à Luceville. Après, il s’en va sur le marché de Montréal et Québec. Si j’étais à Saint-Hyacinthe, ce serait moins cher », évoque M. Arbour.
Selon son évaluation, ses revenus ont augmenté de 10 %, mais ses dépenses de 30 %.
« Les producteurs qui se lancent dans l’aventure ont tous un deuxième emploi. Ils ne sont pas capables. Ils n’arrivent pas. Nous, on ne se donne pas de salaire depuis deux ans. Ma femme travaille à l’extérieur. Ma fille travaille à l’extérieur », souligne celui qui est propriétaire de la Bergerie du Margot.
« C’est le fun la passion. Mais à un moment donné, il faut que ça paie », ajoute M. Doyon.
Ailleurs dans le monde, les gouvernements versent 2 % de leurs budgets à l’agriculture.
Ici, ce taux peine à atteindre 1 %.
« Avec le nouveau ministre, son mandat sera assez court, mais ce qu’on lui demande, c’est de travailler avec l’Union des producteurs agricoles. Notre première demande, c’est le retrait de la taxe carbone. C’est très important. La réactualisation des programmes pour la sécurité du revenu. Et investir davantage en agriculture », réclame M. Doyon à Donald Martel, ministre du MAPAQ.
Malgré les soubresauts, le nombre de producteurs reste stable en Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
La sécheresse ajoute aux problèmes
De façon générale, la Baie-des-Chaleurs manque d’eau cet été, ce qui n’a pas aidé les producteurs à récolter de bons résultats.
Depuis le début d’octobre, seulement 46 millimètres ont été mesurés à la station de mesure de New Carlisle.
La normale est de 116 millimètres.
Depuis juin, seulement 174 millimètres sont tombés, deux fois moins que la normale de 363 millimètres.
« Il n’y a pas eu de deuxième coupe de foin. Les patates sont toutes petites. Peut-être la moitié des patates sont restées dans les champs car elles passaient dans les grilles. Ça va prendre de l’aide pour les producteurs de pommes de terre », évoque M. Arbour.
L’assurance récolte n’est pas encore déclenchée.
« On n’a pas d’indicateurs pour l’instant », mentionne le vice-président provincial.
« La production des pommes de terre, ceux qui avaient un système d’irrigation s’en sont mieux sortis. Quand on parle d’allègement des normes, aménager des structures pour accumuler de l’eau de pluie, de la fonte des neiges, c’est très compliqué. Il y a énormément de normes et de paperasse à remplir. Si on veut faire des pommes de terre en Gaspésie et être aussi bon que les autres, il faudra investir mais aussi dans les allégements administratifs », poursuit M. Doyon.
Sylvain Arbour a été réélu pour un nouveau mandat de deux ans, après avoir complété un premier mandat par l’assemblée générale.
Par