La propriété de la Maison Kruse de Gaspé réglée

NEW RICHMOND – Après près de cinq ans de démarches judiciaires, la Société du chemin de fer de la Gaspésie est enfin devenue propriétaire de la Maison Kruse, bâtiment patrimonial près de la gare intermodale de Gaspé.
« On a eu un jugement. Il faut rappeler que c’est un bail emphytéotique signé en 1919 ou 1921. C’est un bail de 99 ans. On devait s’entendre avec le propriétaire. Ça n’a pas marché. Plus de signal, plus de réponse. Au travers de ça, le bâtiment a été abandonné », explique le président, Éric Dubé.
Le bâtiment a souffert d’un manque d’entretien.
Il a été aussi squatté ces dernières années et l’an dernier, les occupants illégaux avaient ouvert l’eau dans le bâtiment et ne l’avait pas fermée l’hiver dernier.
« Les canalisations ont gelé. Ça a amené d’autres bris. On devra faire évaluer le bâtiment pour la suite des choses car on sait que c’est un bâtiment patrimonial. Ce n’est pas la société qui va l’exploiter », indique le président.
Difficile de se prononcer sur l’état du bâtiment, M. Dubé laissant le soin aux experts d’étudier la maison.
Si jamais elle était récupérable, les coûts pourraient être importants.
« On va discuter avec la Ville (de Gaspé). Ça prendra un promoteur pour l’opérer. On ne transformera pas ça en hôtel. Notre business, c’est le transport de marchandise. C’est d’exploiter un rail. Comme élus, notre objectif n’est pas de mettre la pelle dans ça. Pour savoir ce qu’il est possible de faire, il faudra aller chercher des expertises », avance M. Dubé.
« C’est une maison historique très importante pour l’histoire de Gaspé. C’est la maison qui a logé les travailleurs qui ont construit le chemin de fer. Ensuite, c’est devenu un hôtel », rappelle le maire de Gaspé, Daniel Côté.
Cependant, son état est préoccupant.
« Il y a eu un méga dégât d’eau à l’intérieur. Des murs ont été défoncés. Il y a eu de l’infiltration d’eau par la toiture. Elle est peut-être récupérable ? C’est ce que les analyses de la société du chemin de fer permettront de démontrer. Ça fait partie des demandes que j’aies d’avoir un carnet de santé. Si elle est récupérable, ça prendra un projet », note le maire qui indique qu’il n’appartiendrait pas à la société du chemin de fer de faire le développement.
« Je ne suis pas un architecte de la construction mais il peut y arriver qu’elle soit contaminée aux champignons et non récupérable. Si elle n’est pas récupérable, ce serait une perte importante dans le patrimoine de Gaspé », poursuit l’élu.
Si elle était récupérable, il faudrait un promoteur pour développer et exploiter le site.
La Ville avait été sollicitée pour qu’elle achète la maison des descendants de la famille Kruse.
« Ils demandaient au-dessus de 400 000 $ alors qu’il y avait des infiltrations d’eau partout et était laissée à l’abandon, surtout que le terrain appartenait à la société du chemin de fer. La maison était sous bail emphytéotique de 100 ans qui avait pris fin au moment où le propriétaire tentait de la prendre. Légalement, c’était trop risqué », raconte le maire.
Maintenant que la Société du chemin de fer de la Gaspésie soit maintenant propriétaire viendra faciliter les choses pour un éventuel projet si jamais elle était récupérable.
« C’est au moins ça d’acquis, mais la première étape est de connaître l’état de la maison », poursuit M. Côté qui indique que la population devra être consultée, peu importe la conclusion des études.
« On va y aller avec beaucoup de délicatesse et d’implication citoyenne pour la suite. C’est ma volonté et c’est ce que j’ai manifesté à la Société du chemin de fer de la Gaspésie », promet le maire.
La maison fait parti du patrimoine bâti de la MRC de la Côte-de-Gaspé.
Cependant, elle n’a pas de reconnaissance officielle du ministère de la Culture.
La MRC notait que sa valeur patrimoniale repose sur son histoire, son ancienneté, son style architectural et son état d’authenticité.
Le bâtiment aurait été construit en 1922 pour Alfred C. Kruse et Rachel Jane Butlin.
La demeure est représentative d’un type de résidences issu de l’architecture vernaculaire américaine, soit la maison cubique, reconnaissable à sa toiture à pavillon ou à croupes et particulièrement populaire au Québec entre la fin du 19e siècle et les années 1940.
Au moment de sa reconnaissance par la MRC en 2020, la page dédiée au bâtiment évoquait un excellent état d’authenticité conféré par la présence d’un revêtement extérieur de planches de bois à clins complété de chambranles et de planches cornières, de fenêtres en bois, de portes en bois ainsi que par la préservation de la composition et de la volumétrie d’origine.
Il était noté que l’intérieur de la résidence semble posséder encore plusieurs composantes d’origine et d’intérêt.
La demeure est accompagnée d’une grange ancienne à l’arrière.
Visiblement, les squatteurs qui l’ont fréquenté ont fait fi de l’histoire de cette maison, considérant le volet visible de la rue de son état de délabrement.