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Mobilisation pour la réhabilitation du rail jusqu’à Gaspé

À Gaspé, ils étaient environ 75 personnes pour réclamer la reprise des travaux sur la voie jusqu’à Gaspé. (Photo Le Soir, Nelson Sergerie)

GASPÉ/PORT-DANIEL-GASCONS – Près de 400 personnes ont manifesté samedi de Matapédia à Gaspé pour réclamer que Québec termine les travaux de réhabilitation de la voie ferrée jusqu’à Gaspé.

Ces citoyens réclament du même coup le retour partiel du service de Via rail dans un premier temps.

Plusieurs d’entre eux ont amené leur valise, signalant du même coup qu’Ils sont prêts à « remonter en voiture ».

Le porte-parole de la Table de mobilisation sur le transport ferroviaire en Gaspésie, Carol Saucier, était à la Gare intermodale de Gaspé.

Il note que la mobilisation de samedi est le fruit du travail acharné depuis plusieurs mois par tous les acteurs intéressés au train.

« Nous voulons démontrer une fois de plus au gouvernement du Québec et à Via rail notre volonté inébranlable de remettre le train sur ses rails dans les meilleurs délais », note M. Saucier.

Rappelant que Québec avait mis sur pause la réhabilitation du rail en mars dernier, M. Saucier note que le gros problème est l’absence d’un échéancier pour atteindre Gaspé, soulignant que le train devait revenir à Gaspé au début de 2027.

« Nous demandons au ministère des Transports de relancer les appels d’offres en suspens. On demande au gouvernement du Québec de réinscrire le projet de réfection du rail gaspésien au Programme québécois des infrastructures. Nous demandons également de garantir le financement nécessaire pour compléter les travaux jusqu’à Gaspé », réclame le porte-parole, tout comme le retour de Via rail de façon progressive jusqu’à Gaspé.

La Coalition pour le retour du train de passagers rappelle son combat mené depuis 2013 pour un retour de Via dans la région.

Depuis Port-Daniel-Gascons, la porte-parole, Micheline Saint-Onge, déplore à nouveau la position de Via qui refuse de revenir en Gaspésie tant que la voie ne sera pas réhabilitée jusqu’à Gaspé.

Mme Saint-Onge note que la somme semble colossale pour réparer le rail, mais rappelle que des ponts réparés ont été construits en 1893.

« L’investissement annuel est quand même assez relatif. Par exemple, sur la route 132, au cours des dernières années, 93 millions $ ont été investis. Il faut voir en perspective que les investissements sur le rail jusqu’à Gaspé est un montant réparti sur les 30 prochaines années », note la porte-parole.

« Via rail doit arrêter de nous donner des excuses non valables genre ne pas pouvoir reculer le train en Gaspésie. On veut que les gens manifestent pour avoir le retour du train jusqu’à Port-Daniel maintenant et au fur et à mesure jusqu’à Gaspé. C’est super important pour la vitalité de la région », avance Mme Saint-Onge.

Au niveau politique, les élus ont rappelé le combat mené depuis 2013 pour convaincre les différents gouvernements d’investir sur la voie gaspésienne.

Sur place à Gaspé, la président de la Société du chemin de fer de la Gaspésie, Éric Dubé, note qu’il pourrait faire face à un éventuel sixième ministre des Transports depuis 2014, moment où il accédait à la présidence.

« Nous, on ne lâchera jamais le morceau sur la réhabilitation complète du rail que ce soit pour la marchandise et les personnes jusqu’à Gaspé », affirme M. Dubé.

« Aujourd’hui, le signal que la population envoie sur tout le territoire est un bon message pour se rappeler deux choses : le rail appartient au gouvernement du Québec et Via rail est de gestion fédérale. Les élus locaux, dans chaque MRC, on ne lâchera pas le combat », assure M. Dubé.

Le maire de Gaspé, Daniel Côté, a pris quelques instants pour faire un résumé de toutes les démarches faites depuis 2013.

Il remémore qu’en 2014, les démarches pour obtenir la réhabilitation du rail allaient nulle part, en faisant référence au curé Labelle dans les Laurentides qui s’est battu depuis les années 1860 pour avoir un train reliant Montréal et Mont-Laurier.

Après plusieurs rencontres, les élus du temps ont réussi à obtenir 100 millions $ du gouvernement de Philippe Couillard annoncé en 2017 à New Carlisle.

En 2019, M. Côté rappelle qu’avec Éric Dubé et la préfète de la MRC du Rocher-Percé du temps, Nadia Minassian, ils ont rencontré le premier ministre François Legault.

« Quand on est ressorti du bureau, il était convaincu et il l’avait dit publiquement : je m’engage à refaire le chemin de fer jusqu’à Gaspé. Il n’a pas dit coûte que coûte, mais quasiment », note M. Côté.

Il a ajouté les 45 millions $ du gouvernement fédéral obtenus entre temps.

« On voit aussi que les orientations politiques qui étaient pourtant tellement claires en 2019 et dans les années suivantes et devenues de moins en moins claires au point où le projet est disparu du PQI », rappelle M. Côté qui note que le premier ministre tente maintenant de dévier le débat sur le gouvernement fédéral.

« Pour moi, c’est une diversion. Je ne veux pas avoir de diversion ni entre nous, ni sur la scène nationale. Il faut garder l’objectif : au final, c’est d’avoir une voie fonctionnelle jusqu’à Gaspé. Pas de track, pas de train. Gardons ça à l’esprit », lance M. Côté.

« Ce n’est pas le temps de lancer la serviette. On a des promesses politiques et il faut qu’elles soient honorées jusqu’à la fin.  Continuons de faire comme le curé Labelle et on va l’avoir notre chemin de fer. Pas seulement les pays d’en haut », affirme fortement le maire de Gaspé.

Terminant le moment des allocutions, le député de Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine-Listuguj, Alexis Deschênes, a tenté de démolir tous les arguments contre la réhabilitation sur les coûts, la rentabilité et la complexité des travaux.

« Un directeur des ressources humaines d’une compagnie importante de Gaspé me disait cet été que si le train revenait, ce serait encore plus facile d’attirer des travailleurs de l’extérieur », note l’élu fédéral.

Il rappelle que les infrastructures de transports ne seront jamais rentables.

« Si on compare, il y a 9 milliards $ investis pour le REM à Montréal. On ne veut rien leur enlever. C’est juste pour comparer. Pour le troisième lien, on prévoit 10 milliards $ d’investissements publics du gouvernement du Québec et il y a un mois, il a débloqué 275 millions $. Ce n’est pas si onéreux si on regarde tout ce qu’on peut se donner », illustre M. Deschênes.

Il note aussi que le déficit d’exploitation du métro de Montréal est de 125 millions $ et les autobus du transport en commun coûte 1 milliard $ par année dans la région métropolitaine.

« L’argument de la rentabilité n’est pas un argument », lance-t-il.

Sur Via rail, le député rappelle que le train Océan vers Halifax circule avec une locomotive à l’avant et à l’arrière pour ne pas faire de demi-tour.

« On nous dit que vous êtes trop petit. Tous les autres citoyens du pays peuvent avoir le train, mais vous, vous êtes trop petits. C’est faux. Tout ce qu’on demande, ce sont les mêmes outils de développement économique », soutient l’élu.  

La députée provinciale de Bonaventure, Catherine Blouin, a participé au rassemblement de Carleton-sur-Mer.

Le député de Gaspé, Stéphane Sainte-Croix, ne pouvait participer en raison d’un engagement de longue date dans son agenda, a-t-il fait savoir aux organisateurs.

En 2019, un rassemblement du genre à Gaspé avait attiré quelque 150 personnes.

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